lundi 17 novembre 2008

Pleine lucarne


Une petite connerie faite il y a quelques mois...

Battlestar Galactica, meilleur show TV politique?

Selon certains on dirait que oui. Force est de constater que cette série renouvelle le genre (la SF) depuis son nouveau départ en 2003. Car oui, souvenez vous il y avait déjà eu une première mouture de cette série en 1978, maintes fois rediffusée en France, dans les années 80; on y croisait alors Dirk Benedict (plus connu pour être le Futé de l'Agence tout risques) ou encore Patrick MacNee (le Steed des Avengers). La tentative s'était mal conclue à l'époque (seulement 24 épisodes), car trop chère à produire, et souffrant d'audiences trop faibles. Cela dit, pour ceux qui comme moi s'en souviennent, BSG 1978 laissait un sentiment étrange de Kitsch Mystique et surtout générait un je-ne-sais-quoi de mélancolique, quand au devenir de ces pauvres humains en souffrance, ballottés d'un bout à l'autre de la galaxie. Reprise par Ronald Moore il y a quelques années, la série lorgne moins vers le Space Opéra à la Star Wars, et plus vers des questions d'ordre philosophique: C'est quoi l'humanité? C'est quoi une civilisation?Certes, il y a deux arcs scénaristiques qui cachent la forêt des ambitions sous-jacentes. Le plan des Méchants Cylons, et la quête de la Terre par ce qui reste de l'humanité, entassée dans des vaisseaux et sous la protection du Galactica et du Commandant Adama (EJ Olmos). Deux MacGuffins énoncés à chaque début d'épisode et qui trouveront leur résolution dans la 4ème et dernière saison qui sera diffusée dès avril aux Etats Unis. Un exode, un complot, nous voilà presque dans une histoire biblique (Adam(a), voyez les gros sabots des scénaristes originels!). Mais, nuance, l'exode en question renvoie aussi, dans un effort de syncrétisme curieux à l'Odyssée. Il est en effet entendu chez les historiens que l'ouvrage d'Homère, narrant l'errance d'Ulysse, peut se lire comme une définition de la condition humaine, à l'usage des citoyens Grecs de l'antiquité. Soit précisément ce que tente de faire BSG, à sa façon (et renvoyant d'ailleurs au Dieux Grecs et à une partie de leur mythologie).Tentative de définition qui transparaît notamment via les questions concernant l'organisation de cette nouvelle société. On y voit la tentative de faire fonctionner une démocratie. On y voit des grèves, des émeutes. On nous parle de génocide, de survie. De la légitimité des attentats suicides face à la force occupante, de communisme (oui, oui vous avez bien lu), de fanatisme religieux, de racisme, d'avortement. Soit des thèmes contemporains (ou plutôt-et malheureusement- multi-séculaires) réunis dans un melting pot assez intrigant pour une série de SF. Quasi Systématiquement, BSG présente les choses en prenant le contre-pied du "modèle" américain si souvent défendu dans les productions US habituelles, progressistes (West Wing) ou conservatrices (24), et l'on se pince parfois, en ayant l'impression d'avoir à faire, devant cette société, à un authentique Phalanstère Fouriériste. Mais encore :rejet du manichéisme souvent à l'oeuvre dans ce type de séries (qu'un Verhoeven a su si bien démonter dans Starship Troopers). Et allusions subtiles quant aux fonctions réelles et symboliques des personnages incarnant le pouvoir, le Commandant Adama, donc, et la présidente de la Colonie Laura Roslin, véritables père et mère de cette "nation".
Plus que de Science Fiction, BSG, malgré un boy-scoutime parfois plombant, regarde donc du coté de la Politique Fiction. Penchant confirmé par les principes de mise en scène des épisodes, selon un parti pris destiné à faire "vrai": caméra épaule, pas d'inflation des effets spéciaux, violation au minimum des principes de la physique (par exemple pas de son dans l'espace). Penchant qui transparaît aussi dans l'une des inspirations majeures des scénaristes, celle de Phillip K. Dick: dans le coté Blade Runner des méchants, cela n'échappe à personne, mais plus discrètement dans la reprise de certaines idées ou intrigues d'ouvrages et de nouvelles moins connues (comme Ubik, le Braconnier du Cosmos, ou encore Minority Report et autres Nouvelles). On connaissait l'intérêt du précurseur cyberpunk pour les choses politiques et métaphysiques; il est inattendu que cette série lui rende hommage, sans le citer.